En juin 1972, la crise environnementale a été reconnue au niveau international par la première conférence des Nations unies sur l’environnement humain à Stockholm. Exactement 50 ans se seront écoulés lorsque se tiendra la conférence Pise 2022 de la Société européenne d’économie écologique.

D’innombrables documents, conférences, déclarations et politiques ont tenté de s’attaquer à ce problème. Si certains progrès ont été réalisés, la dégradation générale de l’environnement est devenue de plus en plus alarmante. L’efficacité s’est considérablement améliorée ; pourtant, en raison des effets de rebond, la consommation d’énergie et de matériaux a énormément augmenté, et avec elle, la quantité de déchets et d’émissions qui retournent dans notre environnement. Le système est enfermé dans des trajectoires non durables et les politiques n’ont pas été capables de nous en libérer.

Beaucoup sont encore fascinés par le mythe de la croissance exponentielle du PIB et restent incapables de voir le revers de la médaille, à savoir les effets néfastes qui rendent la croissance non rentable. La « transition écologique » est trop souvent considérée comme une transition technologique, concernant notamment le passage aux énergies renouvelables, alors que l’on a peu conscience que la non-durabilité est provoquée par l’abondance d’énergie. En effet, l’énergie nous donne un énorme pouvoir d’interférence avec les processus naturels.

Il n’y a pas que la conférence des Nations unies de Stockholm qui s’est tenue au début des années 1970 ; à cette époque féconde, Georgescu-Roegen nous a prévenus que la technologie seule ne pouvait pas résoudre la situation ; nous devons plutôt mettre un frein à l’énorme gaspillage d’énergie et de matière qui ne contribue pas à notre bien-être. Cinquante ans plus tard, nous savons qu’il avait raison, mais nous restons hésitants.

Par ailleurs, s’il est vrai que la durabilité est largement considérée comme une préoccupation pour l’avenir, il convient de noter qu’il s’agit d’une interprétation déformée du rapport Brundtland des Nations unies. L’objectif du rapport est clairement énoncé : il concerne les besoins, indépendamment de leur dimension temporelle. Les besoins sont également au cœur de l’Agenda 2030 et de bon nombre de ses ODD. Leur réalisation exige des décideurs politiques qu’ils abandonnent le paradigme dominant « centré sur la croissance » et qu’ils soient assez courageux pour promouvoir les nombreux exemples de changement qui proviennent de la société civile engagée.

Le paradoxe de Zeno signifie que le mouvement, et donc le changement, ne sont pas considérés comme possibles. Pourtant, le changement est possible et nécessaire. Le paradoxe a été résolu par un changement de paradigme. De même, la réalisation de la durabilité exige un changement dans la vision des hommes politiques et dans l’imagination collective.